Vous êtes nombreuses à consulter au cabinet pour de la rééducation périnéale dans le cadre de vos activités sportives de trails, course à pied, crossfit…
Aujourd’hui avec un article du Docteur Carole Maitre, nous allons aborder le sujet de la rééducation périnéale dans le cadre de la pratique sportive intensive.
Pratique intensive et fonction périnéale
L’incontinence urinaire d’effort est rapportée chez 28 à 80 % des sportives ayant un entraînement intensif, plus fréquente en fin d’entraînement, elle augmente avec sa durée et la répétition d’exercices intenses et brefs, générant une hyperpression abdominale, une fatigabilité musculaire avec diminution de la tonicité musculaire périnéale estimée à 20 % après 90 minutes d’exercices intenses.8, 9 Dans une étude observationnelle, réalisée à l’Institut national du sport, de l’expertise et de la performance (Insep), incluant 404 athlètes d’âge moyen 21,4 ans, dans le haut niveau depuis en moyenne 5 ans, les facteurs déclenchants rapportés sont par ordre de fréquence : le saut, la course à pied, le travail des abdominaux et le soulèvement de poids ; les sports à risque pour le périnée sont ceux s’accompagnant de déplacements dynamiques rapides, ou les sports à contraction abdominale dominante forte (tableau 4). Dans les disciplines à risque, un plan de prévention globale peut être mis en place précocement, associant des exercices de renforcement périnéal, le travail des abdominaux en hypopression, la correction d’une hyperlordose, le travail sur la respiration et les mécanismes de stabilisation de l’enceinte abdomino-lombo-pelvienne.
Devant une incontinence urinaire d’effort, le premier temps thérapeutique est la kinésithérapie du périnée, comprenant une rééducation manuelle dynamique avec prise de conscience de la contraction du périnée si nécessaire, distincte de la contraction des adducteurs et des abdominaux, puis un temps de biofeedback, pour visualiser la réalité de la contraction, cette rééducation peut être poursuivie par une autorééducation à domicile par sonde vaginale soutenue par des exercices réguliers de renforcement du périnée. L’absence de prise en charge expose la sportive à un risque majoré d’incontinence urinaire d’effort dans le post-partum en cas de grossesse, par rapport à une sportive n’ayant pas eu ce type d’incontinence.
Bien informer les sportives est essentiel
Les risques de la pratique sportive intensive chez la femme existent. Leur physiopathologie mieux connue permet de les éviter et de préserver la santé de la sportive. [•••] Prévenir le déséquilibre musculaire entre des muscles abdominaux puissants et un plancher musculaire périnéal dont l’endurance et la force sont insuffisamment travaillés pour contenir la pression intra-abdominale, adopter la pratique d’abdominaux selon la méthode hypopressive permettent de limiter la survenue d’incontinence urinaire à l’effort chez ces jeunes femmes. L’information apportée à la sportive est essentielle à une bonne compréhension et acceptation de ces actions préventives, et lui permet d’intégrer, quand elle le souhaite, le choix de la maternité en toute sécurité. [•••]
Docteur Carole Maître.
19 octobre 2020